Tout le monde connait la journée de la femme, la journée du développement durable, la journée de la courtoisie au volant. Mais pourquoi la journée du transport en commun n'existe pas? C'est vrai, c'est écologique, pratique, rapide, convivial...

euhh, j'ai peut-être un début de réponse…

Vous qui vivez en province ou habitez à proximité de votre lieu de travail, et qui en ce moment peut-être râlez car envahit de touristes parisiens.Réjouissez-vous!! Dans 2 mois, hop, envolés. Pour nous, francilien, demeurant à des heures de notre boulot, non pas par choix, bien évidemment mais par soucis de logement onéreux la plupart du temps; pour nous c'est la fête toute l'année.

Prenez...moi, par exemple (mouais un peu narcissique, je vous l'accorde), ok, vous alors, un peu naze ce soir, pas trop le moral, vous décidez de rentrer de bonne heure. Vers 18h donc, vous prenez vos clics et vos clacs, dites au revoir à vos copains d'open space et décidez de regagner votre maisonnée. Mais pour mériter ça, quelques épreuves vous attendent.

D'abord, une petite marche à pied sous la pluie, tranquille, afin de retrouver votre cher tram'. Un peu d'attente tout de même, compréhensif, il n'est pas à votre service mais à celui du public...

18h10, vous prenez place à bord, et bien vite vous vous retrouvez en bonne compagnie. En effet, derrière vous, 2 jeunes filles discutent avec une discrétion certaine ,car toujours respectueuses de leur environnement et afin d'être le plus sociable possible, racontent leur découverte de la vie sexuelle en toute pudeur. Nous apprenons donc "qu'avec Alex c'était trop la tehon" parcequ'"il avait ken vaness' " et que "c'est super vegra" alors "elle kiffe maintenant Malik, mais fô pas que son daron l'apprenne sinon il va lui déchirer la teuté", passionnant...En stéréo, à droite, Mme Chanel, toute propre sur elle, qui tente d'expliquer à son téléphone (ou du moins à la personne à l'autre bout...) qu' "il est indispensable de signer le contrat avec Mr Trucmuche sinon son N+1 risque de l'incendier et qu’en ce moment c'est pas joyeux chez Associés & fils et que si rien ne se fait, elle devra encore travailler tout le week-end et qu'elle en a marre et que" bippppp, ah zut elle est partie on ne saura pas la suite...pas grave son remplaçant s'installe à côté de vous. Humm, vous humez ce parfum de sueur macérée et appréciez cette musique sortant de son baladeur MP3 dernier cri. Au départ, créer pour être emporté partout et écouté en solo sa zik préférée, il préfère la partager avec nous, pas égoïste pour 2 sous. Toujours ce bon esprit de convivialité. La discussion des filles continue sur ce rythme reposant, mais, tristesse, vous ne saurez pas pourquoi vaness' a séché l'exam la semaine dernière, c’est l’heure de se séparer.

18h40, vous arrivez à la défense, vous descendez les escaliers (après jeux de coudes bien sûr), et vous attaquez votre 1er tourniquet. Pas de chance, vous êtes tellement en forme que vous avez oubliés de sortir votre passe. Ca s'énerve derrière vous, ça pestifère, ça s'entasse...pourtant vous essayez de faire vite, mais… badge de Microtoch, non, badge de la cantine, toujours pas, badge du distributeur à café, ah...oh non c'est le badge du parking, bref vous finissez par trouver votre compagnon le "navigo", sésame à de nouvelles aventures. Une fois passé, 1,2, 3 tourniquets (quel jeu formidable, probablement inventé par de grands enfants pour nous faire marrer toute l’année), vous accéder au quai. Enfin vous essayez d'accéder au quai, parce qu'en descendant les escaliers...vision d'horreur... :

Réfléchissez, vous êtes bien en juillet, oui, un mercredi, oui, ...alors pourquoi? Tournez la tête vers l'écran d'informations, non l'autre, celui-là est hors-service, pas de retard, pas d'accident grave de voyageur, de grève surprise, non alors POURQUOI???

Tiens voilà votre RER,

Rrrr, vous préférez « laisser » votre place, et attendre le prochain qui est seulement dans 20mn, horaire d'été oblige.

Une fois à l'intérieur, vous dénichez miraculeusement une place assise, vous vous précipitez, vérifiez qu'aucun détritus, urine, reste de vomis n'est apparent, vous vous excusez en même temps que vous marchez sur quelques pieds et vous vous écroulez sur votre siège, harassez...dodo.

Vous sursautez une fois quand le conducteur hurle en crachant (ou crache en hurlant) dans son micro que votre train est dans la bonne direction. Replongez dans votre lourd sommeil, ouvrez les yeux après l'avant-dernier arrêt, trop tôp, votre gentil RER décide de vous faire profiter du paysage industriel à l'abandon avant de vous débarquez définitivement.

19h12, encore un peu de patience, un bout de route avant d'arrivée...

19h27, vous vous écroulez sur votre canapé, le chat d'un côté, la souris de l'autre, vous décidez de faire partagez cet agréable moment à qui passera par là et vous lira.

Alors, non, pas de journée des transports en commun, c'est tous les jours la fête. Allez, encore 2h de loisirs, dodo et on recommence dans l'autre sens. Avec un peu de chance, votre train sera supprimé...

Citation francilienne : "Le temps est un luxe"

La journée du transport en commun

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